La corrosion du béton est un phénomène dégradatif affectant les armatures métalliques des structures en béton armé. Ce processus survient principalement en raison de l’interaction entre les armatures en acier et les agents agressifs présents dans l’environnement, tels que les chlorures (issus des sels de déverglaçage ou de l’air marin) et le dioxyde de carbone (CO₂) qui provoque la carbonatation du béton.
Le béton, lorsqu’il est en bon état, assure une protection naturelle aux armatures grâce à son pH élevé (aux environs de 13). Cependant, lorsque ce pH diminue – par carbonatation ou par infiltration de chlorures – l’acier perd sa passivation (solution solide Fe3O4 – Fe2O3) et commence à se corroder. Cette corrosion engendre une augmentation de volume, ce qui exerce une pression sur le béton environnant, provoquant fissuration et décollement de l’enrobage.
Les signes de corrosion des armatures sont variés et dépendent du degré d’évolution du phénomène. Parmi les indicateurs visibles, on retrouve :
Les conséquences de la corrosion sur la résistance du bâtiment sont significatives. Une armature corrodée voit sa section réduite, entraînant une baisse de la capacité portante et un risque de ruine partielle ou totale de l’ouvrage. L’étanchéité du béton est aussi altérée, favorisant l’infiltration d’eau et amplifiant le phénomène
Pour éviter la corrosion des armatures, plusieurs stratégies de prévention existent :
Avant d’entreprendre toute réparation de fissures, il est crucial de réaliser un diagnostic approfondi. Ce dernier permet de déterminer l’origine et la gravité de la fissuration.
Un diagnostic de la corrosion doit être réalisé par un bureau d’études spécialisé afin :
La réalisation d’un diagnostic est souvent vue comme une dépense alors que c’est un investissement fondamental permettant d’une part, de gagner du temps sur le projet de réparation, d’autre part, de réaliser des économies sur le projet de réparation en dimensionnant au plus juste les mesures à prendre. Si celui-ci n’est pas réalisé, le risque est soit de sous-estimer le traitement (souvent une simple passivation et reprise au mortier) qui s’avèrera inefficace en présence de chlorures ou alors de surestimer le montant des travaux.
Lorsque la corrosion est déjà présente, plusieurs techniques permettent de restaurer la structure
Suppression du béton endommagé, nettoyage des armatures et reconstitution avec un mortier passivant.
Application de traitements inhibiteurs de corrosion pour restaurer la protection alcaline de l’acier. Certains inhibiteurs sont sensés pénétrer dans la structure en profondeur mais des essais de convenance doivent être menés.
L’emploi de composites en fibres de carbone renforce la structure sans alourdir l’ouvrage.
Cette technique permet de combler les fissures et de rétablir l’étanchéité du béton.
Appliquée en réhabilitation
L’installation d’anodes sacrificielles ou l’utilisation de courant imposé permet de stopper la progression de la corrosion.
La corrosion du béton constitue un risque majeur pour la durabilité des infrastructures. Une approche préventive combinant un choix de matériaux de qualité, des inspections régulières et l’application de protections adaptées permet de prolonger la vie des ouvrages. En cas de dégradations avérées, des techniques de réparation avancées comme la passivation des armatures ou la protection cathodique offrent des solutions efficaces pour restaurer la solidité des structures bétonnées. Assurer la longévité de vos ouvrages passe par une surveillance constante et des interventions ciblées. Une bonne gestion du cycle de vie du béton est un enjeu clé pour la pérennité de nos infrastructures !